Domaine du Château de Collex
01 avril 2014

Domaine du Château de Collex

Logé dans un cadre naturel idyllique, à seulement dix minutes de l’aéroport, le Domaine du Château de Collex est réputé tant pour ses événements que pour son excellente production viticole. Nous sommes partis à la rencontre de Frédéric Probst et Marcelo Simeone, responsables de ce projet mêlant aussi bien produit du terroir qu’événementiel.

 

Frédéric Probst
Directeur général


 

Frédéric, pouvez-vous nous raconter votre parcours?

Mon nom est Frédéric Probst, j’ai 47 ans. Le Domaine du Château de Collex appartient à ma famille depuis deux générations. Après ma formation obligatoire et une année passée en Allemagne, j’ai enchaîné avec l’École d’agriculture de Château neuf puis l’École d’Œnologie à Changins. J’ai ensuite passé une année au laboratoire cantonal de recherche sur les travaux de vinification. Mon grand-père possédait le domaine depuis 1936. C’est sur une de ses rares bouteilles, datant des années 50, que je me suis basé pour créer toute ma gamme qui compte à présent une dizaine de vins et douze cépages différents. Lorsque j’ai débuté, je faisais vinifier ma production par un collègue, au Domaine de Crousaz. La création de ma cave date de 1994, elle s’est développée étape par étape.

 

De quand date votre première cuvée et quels cépages travaillez-vous ?

Ma première cuvée date de 1996. Aujourd’hui, nous produisons en moyenne 35’000 bouteilles par an, et ce chiffre est en constante évolution. Nous travaillons plusieurs cépages comme le chasselas, le gewurztraminer, le rosé de pinot noir, le gamay, le pinot noir, le cabernet franc, le merlot, le gamaret, le garanoir ou encore le dunkelfelder. Nous produisons également des vins d’assemblage, mais en principe nous vinifions tout en cépages purs. Nous vendons beaucoup de chardonnay, de pinot noir, de chasselas et de gamet.

 

Que pensez-vous des maisons possédant une cave à vin ?

Avoir sa propre cave à vin est un grand plus. Lorsque l’on a cette chance, il est fortement recommandé d’adapter l’hygrométrie (l'humidité de l'air) et la température, surtout si l’on désire acheter des vins de garde. On évite ainsi les variations de température entrainant le dessèchement du bouchon, les précipitations de tartre ou de gravelle à l’intérieur de la bouteille. Il est alors possible de laisser vieillir votre sélection sans prendre de gros risques. 

 

Comment construire une bonne cave à vin ?

Idéalement, une bonne cave à vin est construite en sous-sol ou (encore mieux) dans un abri anti atomique. Les murs y sont tellement épais qu’ils gardent bien la température, mais cela ne doit pas vous empêcher de contrôler l’hygrométrie à l’aide de déshumidificateurs. Dans une cave normale, il faut éviter que le chauffage soit trop proche de votre vin. Il est cependant possible de l’isoler entièrement et de mettre une climatisation qui règle les différences de température. Si vous êtes un petit collectionneur, vous pouvez aussi acheter une armoire à vin où l’on peut contrôler la température par étage.

 

Comment se comporte le Romand face aux productions viticole locale ?

Le client romand est sensible et fier des produits de proximité. Certains clients viennent acheter du vin chez moi pour l’exporter au Canada ou ailleurs, afin d’illustrer ce que l’on sait produire chez nous. Actuellement, nous étudions les marchés russes, uruguayens et japonais ou la demande est croissante. Il faut tout de même avouer qu’en comparaison de l’exportation de vin français, celle de vin suisse est relativement faible. Cette situation est regrettable, mais malheureusement, il n’y a pas d’organisme suisse facilitant l’exportation du vin.

 

Êtes-vous ouvert au commerce online ?

Il est possible de commander en ligne via notre site web, le payement s’effectue par facture. Nous livrons dans tout le canton de Genève et par transporter partout en Suisse. Bien que nous soyons ouverts à l’achat de vin par internet, la plupart de nos clients préfèrent venir au domaine. Ils apprécient de nous rencontrer, de visiter la cave, le domaine, et de pouvoir associer une histoire aux bouteilles qu’ils ramènent chez eux. Contrairement aux grandes surfaces, nous proposons une visite aux clients; une belle journée de découverte et de nature. C’est là que réside la force du vigneron de proximité : présenter l’art de la vinification et de nos traditions.

 

Y a-t-il un âge idéal pour s’intéresser au vin ?

Bon nombre d’anciens banquiers, d’assureurs ou d’autres professionnels, travaillant dans des bureaux, finissent par tout plaquer pour se mettre à faire du vin. C’est souvent sur le tard qu’on remarque à quel point on se sent bien en extérieur, à travailler sa vigne et produire du vin.

 

Les Romands consomment-ils plus ou mieux aujourd’hui ?

Les gens préfèrent boire moins, mais mieux. C’est en partie dû à la conjoncture. Les gens ont également changé leur mode de consommation à cause des règles de circulation. Il y a quelques années, on prenait peut-être moins le temps de choisir sa bouteille. Le vin était plus un « accompagnant de table ». Pour citer un exemple, notre chevalier noir (vin d’assemblage), un vin noble et relativement cher pour la région (25frs la bouteille), se vend de mieux en mieux.

 

Collectionnez-vous les grands crus ?

Non, ce n’est pas mon truc. Personnellement, je préfère partir visiter une cave et une région plutôt que de dépenser mon argent dans une bouteille de collectionneur. Une visite reste dans ma mémoire et m’inspire pour mes techniques de vinification. Récemment, je suis parti en Argentine, au Chili, dans la Napa Valley et à San Francisco. J’ai aussi été à Bordeaux. Avec mon groupe d’amis, nous partons souvent en weekend. Notre but n’est pas de ramener des bouteilles rares, nous sommes plutôt des collectionneurs de souvenirs et d’idées.

 

Lors de vos visites, quelle cave vous a le plus impressionné ?

Le must est sans doute la cave du Coste d’Estournelles à Bordeaux. Un investissement financier incroyable y a été fait. Lors d’une production viticole, il est déconseillé de « matraquer » le vin. Les passages en pompes répétés sont extrêmement néfastes, car ils créent un brassage inutile. Un système par ascenseur où se trouvent d’énormes cuves y a été mis en place. Tout se fait par gravitation, ce qui évite le pompage. Certes, on se retrouve au final avec des bouteilles à 200 ou 300 euros, mais on ne peut pas tout avoir.

 

Quelle est la bouteille qui vous a le plus marqué ?

Le Château d’Yquem est réellement un vin exceptionnel. Je suis littéralement fasciné par sa fabrication. La technique de récolte est celle du « grain par grain ». Tout est contrôlé et fait à la main, c’est le top de la qualité. Certaines années, ils refusent même d’en produire, car la qualité du raisin n’est pas assez bonne. Mais chaque région et chaque ville possèdent des vins exceptionnels, je n’aime pas comparer. Moi-même, j’essaye d’élever la qualité de ma production au maximum. Le but est de faire le mieux possible sans tomber dans des extrêmes où le prix de la bouteille sortirait de notre cible de marché.
 

 

Marcelo Simeone
Directeur commercial

 

Marcelo, pourvez-vous nous raconter votre parcours ?

Je me nomme Marcelo Simeone et j’ai 40 ans. Je suis responsable commercial et événementiel au Domaine du Château de Collex. Né et formé au Brésil, j'ai débuté ma carrière hôtelière dans une dizaine de pays où j’ai exercé le rôle de responsable événementiel. Je suis arrivé en Suisse en 2002 où je me suis marié à une Suissesse. Puis, j’ai travaillé pendant deux ans dans la séction management d’une assurance. Depuis deux ans, j’ai pris la décision d’entamer une nouvelle carrière dans l’évènementiel, ici, au Domaine.

 

Comment avez-vous rencontré Frédéric Probst ?

Frédéric Probst était l’entraîneur de gym de mon épouse quand elle était petite. Il a été le premier à me proposer un travail dans les vignes lorsque je suis arrivé en Suisse. Par la suite, quand je suis parti travailler au TCS, nous avons gardé contact. Je venais l’aider lorsqu’il organisait des manifestations ou festivals, notamment pour la partie marketing et communication. Une véritable complicité s’est créée. Preuve en est, nous sommes encore ensemble aujourd’hui.

 

D’où vous vient l’amour de l’événementiel ?

L’amour de l’événementiel m’est venu de ma carrière dans l’hôtellerie. Nous faisions déjà beaucoup d’événementiel à l’époque. Mon rayon d’action allait de l’animation aux relations publiques. Nous recevions beaucoup d’entreprises venant passer une semaine à dix jours en sortie collaborateurs. Arrivé en Suisse, le job que j’ai obtenu dans le management n’était plus du tout dans ce créneau. J’étais dans un bureau et devais gérer une grande équipe au sein d’une grande entreprise.

 

Comment est né le projet de collaborer avec Frédéric ?

Au départ, Frédéric possédait deux salles louées par une organisation internationale afin d’y stocker du matériel. Cette dernière a fini par acheter un bâtiment à Genève. En se retrouvant avec ces espaces vides, Frédéric a estimé qu’il serait judicieux d’en profiter pour accueillir plus de monde. Mais ces salles demandaient la collaboration d’une seconde personne afin d’être construites puis remplies. Une fois les lieux remis en état, nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure ensemble. À mon arrivée, la partie « événementiel » était réservée à des cercles plus au moins privés. Maintenant notre cible s’est élargie et beaucoup d’entreprises nous contactent pour organiser des événements.

 

Quels ont été vos premiers clients et comment a évolué votre projet ?

Initialement, notre clientèle était réduite aux cercles privés. De 2011 à 2012, les mariages représentaient 70% de notre chiffre d’affaires. En 2013, nous avons remarqué que notre travail commercial auprès des entreprises, des diverses institutions et associations avait porté ses fruits. Depuis, nous avons réussi à renverser la vapeur : 70% d’entreprises contre 30% de mariages ou anniversaires. Sachant qu’il n’est pas possible de tout avoir, nous essayons aujourd’hui de conserver le pôle mariage tout en essayant d’augmenter ultérieurement le pôle corporatif. Cette dernière peut s’étendre sur toute l’année contrairement au pôle mariage qui est concentré entre mai et septembre.

 

Quel est le point fort du Domaine du Château de Collex ?

Notre point fort est de proposer ce retour à la nature, loin du stress urbain. C’est ce que nous communiquons dans nos divers supports : nous sommes à 10 minutes de l’aéroport dans un endroit totalement différent de la ville. Nous invitons les entreprises à sortir de leurs bureaux chromés, de cette climatisation toujours identique pour venir découvrir un endroit fait de terre et de pierre. Lorsque vous venez travailler ici, vous avez l’impression que le weekend se prolonge tout en faisant votre job.

 

Vous vivez à la campagne. Pourquoi avoir fait ce choix de vie ?

Vivre en campagne, c’est avoir le silence comme bruit de fond. Lorsque l’on vit en ville, il est impossible de trouver ce silence si apaisant. J’ai deux enfants et avoir la chance de les voir grandir dans un endroit vert est aussi très important pour moi. On apprend à observer la mutation de la nature, à remarquer que le monde vit et se transforme chaque saison. Personnellement, j’adore rentrer à la maison, boire un verre d’eau fraiche et tondre ma pelouse. C’est comme une thérapie qui me décharge de tout stress. Les enfants peuvent jouer sans avoir à être tout le temps surveillés. Dans un village, tout le monde se connait, une vraie solidarité existe, bien plus qu’en ville où chacun vit de son côté. Ici les personnes ont le même objectif de vie, les rapports sont plus forts et plus profonds.

 

Y’a-t-il d’autres raisons vous ayant poussés, votre femme et vous même, à acheter un bien immobilier en campagne ?

L’élément déclencheur a bien sûr été la naissance de nos enfants. Mon épouse et moi-même avons tous les deux grandi en campagne, elle ici et moi au Brésil. C’est un retour aux sources finalement. Le fait d’avoir une maison et non un appartement est un autre élément essentiel. Posséder une maison en ville est très rare, en campagne c’est beaucoup plus simple. Nous voulions aussi que nos enfants puissent avoir une enfance comme la nôtre.

 

Votre vie a beaucoup changé ces dernières années. Quel est votre sentiment général ?

Aujourd’hui, je suis heureux, tant au niveau professionnel que personnel. Je suis convaincu à 100% qu’il faut parfois renoncer à un salaire plus important afin de poursuivre un idéal. Ce dernier vous rendra plus heureux bien que parfois moins riche. Avoir le temps de vivre est essentiel, il faut parfois savoir dire « stop » même si ce n’est pas toujours évident. Trouver l’entre-deux est mon objectif. Le vin, le sport et la photo sont mes vraies passions.

 

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